Messe en forme extraordinaire du rite romain église Saint-Martin Dunkerque

Messe en forme extraordinaire du rite romain église Saint-Martin Dunkerque
Eglise catholique Saint-Martin de Dunkerque

dimanche 15 mars 2020

3ème dimanche de Carême


La Chapelle Notre-Dame de Fatima à La Chapelle d'Armentières reste ouverte en présence des Chanoines sauf pendant le repas du midi et jusque 19h.(ci-dessus photo église Saint-Martin Dunkerque).

3 e dimanche de Carême
Dimanche 15 mars 2020
NDF
Aujourd’hui, permettez-moi (car le contexte le suggère) d’aborder un sujet très beau
mais aussi très délicat, très... douloureux : la souffrance.
Je suis désolé par avance car certains vont tout de suite se dire qu’ils auraient préféré
un autre thème. Surtout, je vais peut-être toucher des points sensibles de nos vies. Désolé
enfin, parce que je sais que je ne vais traiter ce sujet ni assez bien ni assez profondément.
Mais c’est une question si importante et si belle qu’elle ne peut être laissée de côté.
J’espère que nous en sortirons tous plus chrétiens et plus héroïques, c’est-à-dire plus
semblables à Jésus-Christ.
Nous sommes entourés par la souffrance, par le mal. Ce monde créé par le bon Dieu,
nous-mêmes, ses créatures voulues, paraît-il, par amour, sommes la proie de guerres, de
maladies, de mensonges et de méchancetés, et, à la fin de notre vie, la mort vient, sans
exception, nous prendre... Devant l’injustice, en face de l’innocence accablée, cette
question s’élève dans notre âme : « Si Dieu existe et qu’il est bon, pourquoi le mal existe-t-il ? »
Comment concilier Dieu et le mal ? Beaucoup d’hommes n’y arrivant pas, préfèrent se
révolter et rejeter Dieu.
La réponse, d’ordre philosophique, est en fait assez « simple ». Le mal n’existe pas
en lui-même. Ce n’est pas quelque chose qui serait le contraire du bien : c’est son absence.
C’est une privation, une insuffisance ou bien une imperfection, un dérèglement, voire une
inversion. Mais ne nous étendons pas sur cette question.
La question suivante revêt, pour nous, plus d’intérêt : ce mal, pourquoi Dieu le
permet-il ? Surtout à moi, qui suis son enfant et qu’il aime. « Qu’ai-je donc bien pu faire au bon
Dieu ? » est notre cri de détresse.
La souffrance est, tout d’abord, permise par Dieu car elle est juste. Au péché
d’Adam, nous venons ajouter toutes nos désobéissances, tous nos actes d’égoïsmes, qui
témoignent du choix que nous avons faits : moi plutôt que Dieu. Et la création, au vu de
l’exemple donné par son chef, est troublée. Ce n’est pas une imperfection qui pourrait être
attribuée à Dieu. Dieu, en effet, est bon et a tout créé bon. Mais le fait qu’il soit Cause
première n’exclut pas les causes secondes et leurs déficiences...
Deuxièmement, la souffrance peut être acceptée comme une médecine de l’âme. Car
il ne faut pas oublier que, si notre Créateur est un Dieu juste, il n’en est pas moins bon et
miséricordieux ; si le châtiment d’Adam et de l’humanité a été mérité, Dieu n’est pas pour
1 sur 4autant un bourreau. Dans la souffrance, il faut voir Dieu comme un père. Imaginez des
parents laissant leurs enfants vivre comme bon leur semble, sans jamais aucune
correction... Ne verriez-vous pas en eux des parents négligents (donc, qui n’aiment pas
leurs enfants de la bonne manière) ? Et s’ils refusaient au médecin d’opérer (et donc de
verser le sang), ne diriez-vous pas qu’ils ne les aiment pas ? Il en est de même pour les
souffrances que Dieu nous envoie. Un Dieu qui ne saurait pas nous punir serait un Dieu
qui ne s’occuperait pas de nous 1 .
La souffrance a la vertu de donner aux hommes un autre regard sur les choses du
monde et, ainsi, d’élever leurs âmes vers Dieu. Que valent les richesses et le bien-être
matériel lorsque nous pleurons un être cher ? L’âme, au lieu de se recroqueviller sur elle-
même, s’élève soudain vers l’essentiel, vers « l’unique nécessaire ». La souffrance est
finalement un excellent remède contre l’assoupissement, contre la torpeur, qui nous guette
tous. Le bonheur devient un anesthésiant s’il n’est pas traversé par quelques nuages.
L’homme oublierait facilement que la terre a ses limites et qu’il est fait, lui, pour l’infini. Un
enfant qui tombe apprend la vie ; un adulte qui souffre apprend à devenir un homme.
La souffrance a aussi une deuxième vertu, permettant de saisir pourquoi les âmes
chrétiennes (donc converties, celles-là) doivent, elles aussi, souffrir ici-bas. Elles n’ont
certes plus besoin d’un « électrochoc » pour se concentrer sur l’essentiel, mais elles doivent
quand même expier leurs fautes et celles des pécheurs 2 . La souffrance est l’inverse du
péché, elle s’y oppose radicalement. Elle est un mélange mystérieux d’obéissance,
d’humilité et de sacrifice. Elle a une véritable vertu purificatrice, comme un second
baptême pour nous et pour les autres. Devant tant de bienfaits obtenus par l’acceptation
de la souffrance, l’acharnement à vouloir introduire l’euthanasie dans les hôpitaux
s’explique facilement. Car si les malades endurent leurs peines jusqu’au bout, ils peuvent à
la fois élever leurs âmes vers Dieu et se purifier de leurs fautes. Et ça, le diable n’en veut
pas...
Je vous livre ce petit texte :
« Souffrir est nécessaire. [...] Toute douleur n’est pas bonne. Il en est d’inutiles,
d’autres de nuisibles. De bonnes âmes ont une tendance maladive à chercher la
souffrance pour elle-même, à l’aimer, à s’y complaire. Elles vont contre les desseins
de Dieu en oubliant que la souffrance n’est jamais une fin, mais toujours un moyen,
un des procédés pour faire jaillir l’amour. C’est la disposition intime de celui qui
1
« Quand il les frappait de mort, ils le cherchaient, ils revenaient, empressés à retrouver Dieu, ils se
rappelaient que Dieu était leur rocher, et le Dieu Très-Haut leur libérateur. » (Ps. LXXVII, 34-35)
2
« Voulez-vous vous offrir à Dieu pour supporter toutes les souffrances qu'Il voudra vous envoyer, en
acte de réparation pour les péchés dont Il est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs
? » Telle fut la demande de la très sainte Vierge Marie aux enfants de Fatima lors de sa
première apparition, le 13 mai 1917. C’était un appel - à des enfants ! - à une générosité
particulière...
2 sur 4souffre qui la rend sainte et méritoire. Elle n’est pas l’œuvre de Dieu mais du
péché. Si l ’ amour ne la pénètre pour la réhabiliter et la faire servir à la
purification de notre nature pécheresse, elle demeure un fruit diabolique. [...]
Il s’agit non pas tant de souffrir que de bien souffrir, en conformité avec la
volonté divine, de souffrir avec et comme le Christ.
Que faire lorsque vient notre tour de souffrir ? Se tenir étroitement uni à Celui
qui a tant souffert [et qui nous comprend]. [...]
Toute souffrance bien supportée hâte l’œuvre de Dieu en nous. Rien n’est plus
sanctifiant. [...] « Alors que notre homme extérieur dépérit, notre homme intérieur se
renouvelle de jour en jour. » (2 Cor. IV, 16) [...] Appuyé sur de telles certitudes, qui ne
supporterait, non seulement avec patience, mais avec une sainte joie d’âme, les pires
épreuves ? 3 »
Enfin, la souffrance dans sa vocation la plus belle va ennoblir l’âme à tel point que
saint François de Sales déclare : « Vous ne savez pas de quoi les anges nous portent envie : certes, de
nulle autre chose que de ce que nous pouvons souffrir pour Dieu, et ils n’ont jamais souffert pour lui. »
Par la souffrance, les hommes sont mis devant leurs limites. En les dépassant, les trésors
enfouis de leur âme vont pouvoir resplendir. Pas de grand héros sans le creuset de la
souffrance. C’est elle qui permet aux hommes de devenir sublime. C’est elle qui nous
permet de montrer la réalité et la profondeur de notre amour. Face à la mort, devant les
périls, l’âme se déploie, s’épanouit, dans une beauté jusqu’alors insoupçonnée.
Donc, non ! La souffrance et la bonté de Dieu ne sont pas un paradoxe dans la foi
chrétienne. C’est en raison de la bonté de Dieu que nous souffrons, aussi fou que cela puisse
paraître aux gens du monde. « Plus tu te crois abandonnée de Dieu, disait Notre-Seigneur à la
bienheureuse Angèle de Foligno, plus tu es aimée et serrée contre lui... Ô ma bien-aimée, sache
qu’en cet état, Dieu et toi, vous êtes plus intimes l’un à l’autre que jamais. » Oui, Dieu nous aime et
nous veut à ses côtés pour l’éternité. Il veut rendre notre âme belle, faire de nous des saints
resplendissant de beauté.
Mais, en face de ce mystère, les mots sont bien faibles. Alors, comme la Semaine
Sainte approche, comme nous allons bientôt revivre la Passion du Christ, contemplons et
laissons-le nous apprendre à l’aimer. Comme disait l’auteur de l’Imitation de Jésus-Christ :
« Que tous les docteurs se taisent, que toute créature fasse silence, afin que je n’entende plus que vous, ô
mon Dieu. » Le Saint-Sacrement est justement là, sur l’autel, présence silencieuse et
rayonnante.
Il ne reste qu’à prier et, pourquoi pas, comme le saint cardinal Newman :
« Ô mon Seigneur Jésus, je crois et, par votre grâce, je veux toujours croire et professer, et je sais
qu’il est vrai et qu’il sera toujours vrai jusqu’à la fin du monde, que rien de grand ne se fait sans
3
M.-V. Bernadot, De l ’ Eucharistie à la Trinité, p. 80 s.
3 sur 4souffrance, sans humiliation, et que toutes choses sont possibles par ces moyens. Je crois, ô mon Dieu,
que la pauvreté vaut mieux que les richesses, la peine que le plaisir, l’obscurité et le mépris que la
renommée, et l’ignominie que les honneurs.
Mon Seigneur, je ne vous demande pas de m’infliger ces épreuves, car je ne sais pas si je pourrais
les soutenir. Mais, du moins, ô Seigneur, que je sois dans la prospérité ou dans l’adversité, je veux croire
ce que j’ai dit. Je ne veux pas mettre ma foi dans les richesses, le rang, le pouvoir et la réputation. Je
ne veux pas asseoir mon cœur sur les succès de ce monde, ni sur ses avantages. Je ne veux pas désirer ce
que les hommes appellent les biens de la vie. Par votre grâce, je veux au contraire estimer beaucoup ceux
que l’on néglige ou dédaigne, honorer les pauvres, révérer ceux qui souffrent, admirer et vénérer vos
Confesseurs et vos Saints, et choisir mon partage parmi eux en dépit du monde.
Et enfin, ô mon cher Seigneur, quoique je sois tellement faible que je ne puisse vous demander la
souffrance comme un don, et que je n’aie pas la force de le faire, je vous demanderai du moins la
grâce de la bien accueillir ; lorsque, dans votre sagesse et dans votre amour vous me l’enverrez.
Je désire m’humilier en toutes choses, ne répondre aux mauvaises paroles que par le silence et
garder la patience quand le chagrin ou la souffrance se prolongeront, et tout cela pour l’amour de
vous et de votre croix, sachant que, de cette manière, je mériterai les promesses de cette vie et
de la vie éternelle. »
Ainsi soit-il.
P HRASE DU JOUR
Les temps sont à l’héroïsme et à la sainteté !
Mais attention, car la témérité n'est pas une vertu.
Le véritable héroïsme aujourd'hui va être la vraie obéissance.
« Il faut obéir à qui il faut obéir pour ne pas obéir à qui il ne faut pas obéir. »
(Cardinal Joseph Siri, archevêque de Gênes)

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